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Jeudi, 28 mars 2024
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Chapitre 1 - Le rapt de Vassula
"Y a-t-il de l’incompréhensible ?" tel fut l‘énoncé du sujet d’une épreuve de philosophie avec laquelle eurent à se colleter quelques-un(e)s de mes camarades qui convoitaient l’Ecole Normale de la rue d’Ulm, voici de cela ?... trop d’années... Comme souvent en philosophie, la question me paraissait plus digne d’intérêt que la réponse elle-même. Car à moins d’être philosophe, à ce genre de question, qui peut, sans redouter d’errer dans les banalités les plus moquées et les plus indigentes, prétendre répondre ? Plus tard, en découvrant La Vraie Vie en Dieu, l’inoubliable question sans réponse est remontée à la surface de ma conscience pour ne plus cesser de me tarauder. "Y a-t-il de l’incompréhensible ?" Pour moi, en effet, à une époque où le Rationalisme, tel un pirate, plante son drapeau grimaçant sur toutes les terres où son navire accoste, La Vraie Vie en Dieu tendait à prouver que, malgré tout, oui, quoi qu’en aient pu dire tous les sages du monde, il reste de l’incompréhensible et cette chose-là s’incruste comme ces petits coquillages à la forme conique, humbles ventouses des mers, clous inoxydables, dans la coque du bateau des pirates… Quoi ! après Marx, Nietzsche et Freud, Dieu n’aura donc jamais fini de parler à Son peuple et de faire des Siennes, et pour quoi, croyez-vous ? Pour répéter aux hommes d’une part qu’Il les aime, d’autre part qu’Il existe, quoi ! contrairement à ce que les trois sages susnommés, piliers de l’athéisme, puis leurs zélés épigones (moins talentueux) se sont évertués à démontrer - "au demeurant le(s) meilleur(s) fils du monde". « Si tu adhères à ça, attention, mon garçon, tu auras affaire aux pirates ! » *
La Vraie Vie en Dieu serait d’autant plus incompréhensible que le héraut de ces Paroles jugées par avance "caduques", est une femme que rien ne prédisposait à succomber à la "superstition" - en 1985, quadragénaire mariée, mère de famille, un brin mondaine, au physique, certes, avantageux, mannequin d’occasion, joueuse de tennis, remportant plusieurs championnats, douée en dessin, artiste à ses heures, et comme on dit dans les magazines à la mode, épanouie sur tous les plans, bien sûr, indifférente à Dieu, jeune femme qui le confessera plus tard : "Cette vie-là me suffisait !" « Il y a vraiment de quoi fâcher toute la piraterie des mers, tu sais ». *
L’incompréhensible serait, en premier lieu, le rapt de Vassula. Ma fille, J’aime t’entendre te livrer à Moi. Permets-Moi d’être ton Ravisseur.
"Ravisseur..." Tel est le mot que j’ai envie de prêter à Jésus. Le mot est, certes, lourd - comme on entend doctement dire sur les bancs universitaires - de connotations culturelles... Et l’on se souvient, en effet, que la mythologie grecque raconte que s’il arrivait que quelque mortel(le) enflammât le cœur d’un dieu (tout lui était à redouter, pauvre mortel(le) et en particulier la jalousie des autres dieux !), l’Olympien, Zeus le plus souvent, dans le souci de demeurer incognito, se transformait en taureau, en cygne ou en aigle (j’en passe) et, infailliblement, ravissait "l’objet de sa flamme". Ainsi en advint-il de la belle Europe, de la belle Léda et du beau Ganymède, et j’en oublie... Si Dieu, car c’est de Lui qu’il est ici question, et non de Zeus, Se voit Lui aussi - et Il n’en fera point mystère - succomber au charme de Vassula, c’est-à-dire, avouons-le, à sa nullité : Moi le Seigneur, Je t’aime malgré ta nullité.
Mon Saint Esprit, séduit par ta nullité, a triomphé de toi, installant Son Trône en toi pour régner sur ton âme.
et à sa grande misère : Je t’ai choisie parce que tu es faible et de beaucoup la plus misérable de toutes les créatures que je connais. La misère M’attire parce que Je peux la consoler.
si Dieu, Se penchant vers la terre, des hauteurs du Ciel, visite Sa créature, pour ravir son âme en ruine, c’est-à-dire au deux sens du mot, pour l’enlever et pour lui plaire, Lui, contrairement à Zeus, ne Se déguise pas ni ne Se transforme (Il n’a pas ce mauvais goût de la farce !) ni en aigle ni en cygne ni en taureau... Néanmoins, comme Il est royal, Dieu Se fait précéder par un ambassadeur de choix, l’un des princes de Sa cour céleste, un ange, le noble Daniel - dont Sa pitoyable conquête va tomber amoureuse ! Elle tombe amoureuse de l’ange ? Qu’à cela ne tienne... Lui ne force pas l’entrée du cœur de Sa conquête ; Il prie Daniel de se retirer et subtilement prend sa place ; patiemment, Il attend ; s’Il Se présente à l’entrée du cœur rebelle, c’est avec délicatesse, avec dénuement, avec timidité, quoiqu’avec détermination... Il attend, Il attend patiemment qu’elle Lui dise d’entrer, ce qu’elle tarde à faire, malgré Sa prévenance, Sa douceur, Sa persévérance. Et même après qu’Il a pris soin de frapper et de frapper encore, avant d’accompagner Son irrésistible visite de la rituelle question qu’on n’attend certes pas de la Bouche d’un Roi : "Permets-Moi, Vassula..." - et notez qu’Il est d’une politesse exquise, d’une prévenance inégalable, d’une timidité d’esclave dont aucun souverain sur cette terre n’a jamais usé à l’égard d’aucun de Ses sujets, s’agît-il du plus irrésistible de ses favoris - elle ne Lui répond pas. Ce Dieu-là ne force pas, ne violente pas, n’opprime pas ; Il quête, Il attend, Il quémande l’assentiment de celle qui a conquis Son Cœur ; Il la parfume, Il la courtise, Il la captive. Il est difficile de ne pas Lui céder, quoique son amour s’avère des plus redoutables... Quand, enfin, elle finit par Lui dire : Maintenant que Tu m’as séduite, qu’adviendra-t-il de moi ?
Il lui répond : Tu veux savoir ? Je te jetterai de Mes Bras dans cet exil que Ma Création est devenue !
A l’époque du rapt, Vassula est une belle femme blonde de quarante et un ans. Le Seigneur la fit svelte ; le Seigneur la fit belle. Laissons-nous aller au dimanche de la pensée... Et regardons le monde… Ce monde est plein de belles jeunes femmes, de belles silhouettes pareilles à Vassula, ayant si peu chanté Sa Gloire - actrices ou chanteuses, aux prénoms connus, Maryline, Brigitte, Jane, dois-je continuer ? - que l’on se demande s’Il ne désirait pas l’hommage de la périssable beauté à la Beauté Eternelle ; l’hommage de ces silhouettes qui avaient épousé le monde, ce monde qui passe, "sic transit gloria mundi", à Celui qui ne passe pas ? De l’une de ces silhouettes, donc, Il allait Se saisir, objet d’idolâtrie, et, dans ses Mains parfaites, la refaçonner, et dans Son Corps divin, l’enchâsser, telle une pierre précieuse ; Il allait l’enlacer, refaire ses pieds, refaire ses mains, refaire sa bouche, refaire ses yeux, refaire ses oreilles, refaire son cœur aussi, de manière à recevoir d’elle l’hommage qui Lui était dû et qu’Il nous demandait à nous aussi de Lui rendre. N’avait-Il pas donné Sa Vie pour nous ? Il allait envoyer sur la scène du monde l’une de ces silhouettes pour nous parler de Lui, uniquement de Lui, silhouette, si belle qu’elle fût, qui s’éclipserait devant Sa Beauté à Lui ; quand, vidée d’elle-même, devenue modeste, de Lui, Il la remplirait et la rendrait parfois encore plus belle qu’elle ne l’était, avant qu’elle ne l’ait rencontré, Lui, Son Créateur, plus belle qu’on ne pouvait imaginer qu’elle fût. Cette silhouette était Vassula. Et Vassula était du monde et au monde attachée, jeune femme accomplie, rien ne lui manquant ; ne se montrant, comme ces autres silhouettes qui ont fait tant rêver, qu’au milieu de défilés de mode, sur les courts de tennis... tout ce à quoi rêvent les jeunes filles, tant qu’elles n’ont pas rencontré l’Epoux. Contre toute attente, incompréhensible choix ! parmi Ses épouses attitrées, sœurs, nonnes, moniales, oblates... Jésus ne prit pas sa choisie ! Et le monde de s’en étonner et le monde de s’en offusquer ! Cela n’avait pas le sens commun et l’on commença à douter et l’on commença à murmurer et l’on commença à se révolter ! Ce n’était pas un bon choix ! Pouvait-Il ignorer qu’en la faisant belle, Sa choisie, à supposer qu’elle fût Sa choisie, oui, Sa choisie serait une occasion de chute ? Ainsi le voulut-Il.... « Mais, mais, entendait-on bégayer de suffocation de part et d’autre, ne pouvait-Il pas la faire un peu moins belle et un peu moins svelte ? » Non… Chuuut ! Ecoutez maintenant. Ainsi la voulut-Il, blonde, belle, coquette, élégante, portant toilette à ravir.... Il choisit Vassula. Il déjouait vos pronostics. Il donnait un siège de prophète à une pin-up ! Ecoute et comprends : Je t’ai alloué un siège de prophète, aussi, pour le reste de ta vie, tu prophétiseras et tu seras associée à Mes Oeuvres, mais également à tout ce que les prophètes ont eu à endurer.
Enfin, Il égarait les trompeurs dont le cœur mal disposé se meurt de jalousie. Ceux qui voulaient chercher trouvaient. Il dit ce qu’Il fit ; Il fit ce qu’Il dit. Elle reçut un siège de prophète. Oh, qu’elle fût très belle en a scandalisé plus d’uns ! Haine et jalousie, ces passions-là, ne s’avouent guère qu’à mots couverts... "Plus d’unes" me souffle-t-on de dire... "Plus d’unes." Mais Vassula était de "ces créatures" que la fausse dévotion, appuyée sur le bras d’Envie, a toujours abhorrées : Vassula aurait-elle été mieux acceptée si elle avait été quelque nonne blafarde ? Argument inavouable ! Bien que tout le monde le pense, qui se risquerait à dire, en effet : "Cette femme n’a pas l’apparence d’un prophète !" sans s’exposer à la remontrance de quelque langue habile à savoir quel décret prononcer, quand en son esprit se forme la pensée contraire : "Mais, voyons, ma chère, Seul Dieu sonde les reins et les cœurs !" Vassula a été l’occasion de chute de plus d’une dévoreuse de réputation, déterminée à en découdre avec La Vraie Vie en Dieu et à ne point s’en laisser conter... tant la jalousie et les préjugés rongent et durcissent les cœurs, obscurcissent le discernement, pervertissent l’intelligence. Plus tard, Vassula posera la question à Dieu, face à deux religieuses qui l’accueillent avec charité. Que dire à ces femmes qui ont tout donné ? Mon Seigneur, (...) que dois-je dire à ces deux nonnes qui vivent ici, que dois-je faire pour elles ? S’il-Te-plaît, parle-moi d’abord par l’Ecriture. Je sais que Tu ne me feras pas défaut.
(J’ai alors ouvert la Bible au hasard et mes yeux sont tombés sur ce passage de l’Epître aux Romains :)
"
Je vous recommande notre sœur, diaconesse de Mon Eglise, offrez-lui ainsi qu’à sa compagne, en union avec Moi, un accueil digne de saints, et assistez-la de tout ce dont elle a besoin : elle a assisté (ainsi que sa compagne, par leurs prières, leurs louanges à Moi, leurs pénitences, mortifications et sacrifices) une très grande quantité d’âmes. " (Rm 16.1-2)
(Jésus détourna alors Sa Tête, regardant dans le lointain. Se parlant à Lui-Même, comme s’Il était à la place des deux nonnes, Il dit :) J’ai peiné et travaillé souvent sans dormir. J’ai eu faim et soif, souvent faim, par manque d’amour. J’ai été transi de froid par manque d’amour. Aussi, toi qui Me lis, prendras-tu soin de Moi ? Prendras-tu soin de Mes Agneaux ? Ne dis pas : " Ne m’ennuie pas, je ne peux pas répondre à Ta demande ! Jésus poursuit alors le Message qu’Il avait commencé : Aujourd’hui, Je te dis, à toi qui Me lis, que Mes bénédictions sont données à quiconque satisfait aux besoins de cette Maison car tout ce que tu fais, même la moindre des choses, c’est à Moi que tu le fais. Sois béni alors toi qui M’écouteras et feras la Volonté de Mon Père. Quiconque, donc, satisfera les besoins de cette maison sera grandement récompensé par Mon Père dans le Ciel. Cependant, garde-toi de tous ceux qui encourageront tous troubles et difficultés. Evite-les. Fais tout en constance, avec la Paix que Je te donne. Fais tout par amour pour l’Amour. Tout ce que Je demande est l’Amour. Souviens-toi toujours de cela.
La réponse est claire : les nonnes recevront, elles aussi, leur récompense, non du fait qu’elles sont nonnes ni que leur teint est pâle : elles auront aimé. Les hommes aussi rejettent Vassula pour également d’humaines raisons ! Eux aussi s’en tiennent à son apparence et son apparence ne manque pas d’attraits ; et de s’en étonner. Ils s’en étonnent encore ! Ne nous y attardons pas. Car depuis que « Fleur » a vieilli (pardon, mais c’est le destin de tout être), d’autres obstacles, pour elle, ont surgi. Mais au début, du moins, l’apparence de Fleur n’était pas conforme à celle d’un prophète ! Tel était l’incompréhensible. Beauté est incompréhensible. Or parce qu’elle était belle, parce qu’elle était heureuse, parfaitement épanouie ; parce qu’elle ignorait Dieu et n’en souffrait pas, nombre d’entre nous avons cru à son charisme. Pourquoi ? Il était si invraisemblable que cela fût vrai - que Fleur fût un prophète - que pour cette raison même, cela ne pouvait qu’être vrai. Devant tant de simplicité ou de naïveté, certes, nous avons abdiqué tout jugement critique, comme une épée sitôt tirée, que nous rentrons dans son fourreau, devant le petit enfant qui nous fait face.
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